A l'occasion de la première édition de ce "sustainable fashion hackaton", organisé dans le cadre d'opengeneva, au Campus Biotech, à Genève, nous ne savions pas trop à quoi nous attendre, et nous n'avons pas été déçus !
Pour se mettre tout de suite dans l'ambiance, rien de tel que de revoir le film "The True Cost", un documentaire avec des témoignages poignants, histoire de se remémorer les problématiques propres à l'industrie de la mode.
Pour être bref, ce film évoque notamment les conditions de travail dans les pays producteurs, les OGM qui polluent le coton biologique et donnent le cancer aux fermiers texans qui les cultivent, la pollution des eaux dans les fleuves sacrés de l'Inde, les déchets innombrables dont on ne sait que faire, les dérives du "consumerisme", l'émergence, en réaction, du minimalisme, la folie et le chaos du "Black Friday", les répressions sanglantes des états lorsque les ouvriers, très souvent des ouvrières, demandent quelques améliorations des conditions de travail, le témoignage d'une femme qui doit laisser son enfant pour aller travailler à l'usine de textile, quelques zooms sur les conséquences sociales et environnementales sur l'Inde, Bangladesh, sur le Cambodge ou sur le Viet-Nam. Même si le film date un peu, cela nous a permis de nous plonger dans le coeur du sujet: le vrai coût de la fast fashion et toutes ses dérives.
Jeter un vêtement sans savoir comment et où il a été produit, sans l'avoir porté, est-ce encore moralement acceptable ?
Alors que faire ? Une fois ce constat posé, à l'évidence accablant pour la deuxième industrie la plus polluante au monde (la première, c'est l'industrie pétrolière, si vous aviez un doute !), que peut-on faire pour chercher des solutions ?
- Les technologies peuvent-elles nous aider ? Si oui, lesquelles ?
- Faut-il un nouveau contrat social ?
- De nouvelles lois ?
- Comment éviter le dumping systématique vers le pays qui protège le moins ses ouvrières ?
Même si les enjeux sont colossaux, la meilleure méthode, c'est peut-être de commencer petit, et de s'y mettre tous, en commençant avec quelques pitchs et quelques idées. C'est le format du hackaton qui veut cela, et ce que nous avons fait en écoutant les pitchs des participants qui ont souhaité prendre l'initiative:
- une plateforme et un magazine
- la blockchain pour lutter contre l'opacité de la chaîne d'approvisionnement
- un collectif pour la conception de vêtement "0 déchets"
- une app mobile (difficile d'y échapper dans un hackaton!)
- le lancement du chapître local genevois du mouvement global "Fashion revolution" et l'organisation d'un premier évènement dans quelques semaines
- l'impact de l'impression 3D, des objets connectés ou de l'intelligence artificielle sur la mode.
- le développement d'une collection de sacs à main en cuir d'ananas (à base de Pinatex)
Après avoir fait connaissance, nous avons choisi nos groupes et avons échangé nos idées pour aider les porteurs de projets à avancer.
Lors des pitchs, j'avais été séduit par le sujet proposé par le collectif Hi Bye, Hélène et Sophie, et j'ai choisi de collaborer avec eux pendant ce hackaton, pour trouver des façons innovantes de réduire les déchets et les chuttes dans la phase de conception. Les échanges au sein de notre groupe était passionnants et nous avons pu passer en revue tous les moyens possibles et imaginables de bien concevoir les vêtements pour ne pas gaspiller de matière textile.
Genève a finalement de nombreuses cartes à jouer pour se doter d'un écosystème innovant de mode éthique et durable.
Les déchets des uns, sont les trésors des autres.
Avec le format d'innovation ouverte, propre au hackaton et à l'innovation ouverte, nous avons pu regrouper dans les mêmes équipes, des chercheurs en sociologie, des étudiants en bachelor de mode, des diplômés d'école de design et de mode (HEAD), des enseignants, des professionnels du secteurs, des juristes, des cadres de grands groupes, à la recherche de bonnes idées pour leur département "innovation durable". Ce que le teaser de l'évènement avait résumé par "Divas & Geeks", même si il n'y avait finalement ni diva, ni geek, mais surtout des passionnés, et des personnes qui ont pris conscience de la gravité de la situation et se mobilise pour changer les comportements.
Dilemne: doit-on miser tout l'argent de notre campagne de com' sur Instagram et Facebook ?
Comme dans tous les hackatons, il y a eu présentations finales, classement et tout et tout, mais l'essentiel n'était pas là. On a pu relever quelques contradictions et marges d'améliorations pour tendre vers encore plus de déontologie, de transparence et d'éthique. Il y a encore du travail !
L'essentiel, c'est que les personnes qui s'intéressent à ce sujet ont pu se rencontrer, partager des informations, identifier des trajectoires intéressantes, raconter leurs parcours personnels et singuliers, et espérons le, amorcer des initiatives d'éco-consommation, et de meilleures pratiques pour la production et la logistique, qui permettront à cet écosystème de créateurs de mode éthique, de naître, de se structurer et de se développer à Genève.
En tout cas, on a passé de superbes moments d'échange, pendant ce hackaton d'Opengeneva, et on va se revoir à l'occasion de la "Fashion Revolution Week" qui arrive à Genève en provenance notamment de Berne, Zurich et Lucerne et on espère que l'an prochain, nous nous retrouverons tous pour un "Biotech hackaton" au "Fashion campus" de Genève !!! :-)